Tamihito Yoshikawa
Né à Chiba (Japon) en 1965, Tamihito Yoshikawa est diplômé de l’Université des Beaux-Arts de Musashino. Dès les années 1990, les galeries japonaises organisent ses premières expositions personnelles et les musées commencent à lui consacrer leurs murs lors d’importantes expositions de groupe tels le Musée Royal d’Ueno (Japon), le Shanghaï Museum ou encore le National Museum of China (Chine). Depuis 2013, il assure la fonction de professeur, d’abord au sein de l’Université d’Art et de Design du Tohoku, puis depuis 2018, au département de peinture de l’Université d’Art de Musashino.
Chez Yoshikawa, la peinture se déploie en couches successives. Les épaisses strates de couleurs sont appliquées méthodiquement sur la toile. Partant d’un fond monochrome, l’artiste ajoute harmonieusement les coloris qu’il étire ensuite sur la toile à l’aide de couteaux à palette, spatules ou taloches, en de grands mouvements horizontaux. L’artiste intervient directement dans la matière, trace des sillons, la modèle et la texture pour lui donner sa forme juste. La différence de pression alors exercée fait paraître les différentes strates et couleurs. Après des passages répétés, Yoshikawa décide parfois d’inciser la matière ou bien d’apposer, telle une signature, d’épais amas de peinture dont il parsème l’œuvre.
Pour chacune de ses œuvres, l’artiste tend à retranscrire son ressenti au contact d’une nature dans laquelle il se sent vivre. Laissant flotter les motifs dans des espaces indéfinis, Yoshikawa instaure un rapport flou au monde, donnant l’impression tantôt d’observer les choses de très près, tantôt de les apercevoir de très loin. L’association de deux termes japonais, l’un exprimant le passage des saisons (kigo), l’autre traduisant l’impermanence des choses (mujô), pourrait servir à qualifier l’œuvre de Yoshikawa, tant la célébration de la nature, de ses rythmes et de ses micro-événements semble être le fondement même de son geste pictural.
Bien que résolument abstraite, la peinture de Yoshikawa s’inspire du réel. Et si les traces d’empâtement, de griffures et de brosse qui surgissent systématiquement de ses toiles nous rappellent que la peinture s’assume également comme son propre sujet, chacun de ses paysages, chacune de ses surfaces sensibles à l’aspect presque liquide, donne forme à un pressentiment du réel.