Paul Aïzpiri
Fils d’un sculpteur d’origine Basque, qui avait ouvert une boutique de brocante dans le quartier populaire de Montparnasse et était proche de Modigliani, Paul Aïzpiri appartient à cette génération d’artistes qui ont écrit une des plus belles pages de la peinture française.
Après avoir étudié à l’Ecole Boulle et travaillé aux Ateliers Nationaux, il entre en 1936 à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts. Dès 1943, il expose à Paris. Marqués par les difficultés de la vie quotidienne dans l’après-guerre, ses premiers tableaux présentent des couleurs sombres et des motifs cernés de noirs épais. En 1951, il remporte le Prix National et représente la France à la Biennale de Venise. Aïzpiri devient une figure majeure de l’Ecole de Paris et de Montparnasse.
La première éclaircie apparaît dès 1954, quand le marchand de tableaux Paul Pétridès est séduit par le travail d’Aïzpiri et l’expose dans sa galerie, aux côtés de Foujita. Le succès est immédiat. Aïzpiri rencontre alors les grands artistes de l’époque : Foujita, Soutine, Van Dongen, Utrillo, César et bien d’autres.
Un changement décisif intervient quand il rencontre Pablo Picasso, aux côtés de qui il est exposé en 1957 à l’exposition « Ecole de Paris », organisée par la Galerie Charpentier. En le recevant dans son atelier de la rue La Boétie, Picasso conseille à Aïzpiri de simplifier les formes, d’éclaircir sa palette et de rendre les couleurs plus éclatantes. Il conclut : « Certains préfèrent le violon. Hé bien moi, c’est le tambour sauvage ! » Aussitôt, Aïzpiri commence à utiliser les couleurs éclatantes et les dessins simplifiés qui feront désormais son succès.
La troisième rencontre lui ouvre définitivement la voie du succès. En 1970, le jeune marchand de tableaux Kiyoshi Taménaga lui propose un contrat. Grâce à la liberté et au soutien qu’il vient de rencontrer, Aïzpiri va peindre ses meilleurs tableaux. Lors d’une interview de 2008, il explique : « En ce moment, je me libère encore davantage. C’est mon graphisme qui l’emporte. Ce sont mes images. Je les crée moi-même, dans un moment de combat, dans un moment d’exaltation ou un moment amoureux. »
La peinture d’Aïzpiri est à la fois naïve et profonde, fantasque et figurative. Entre expressionisme, fauvisme et cubisme, elle a sans cesse évolué. Aïzpiri y célèbre Paris, le Pays Basque et Saint-Tropez, mais aussi l’enfance, les femmes et la poésie. Evoquant parfois des images d’Epinal, ses toiles représentent des villes pavoisées, des paysages dansants, des personnages joyeux, souvent inspirés de la Commedia dell’Arte et des bouquets de fleurs qui rappellent des collages de papiers découpés. Tous sont traités avec puissance, mais aussi avec un optimisme et un humour débordant.
Les œuvres d’Aïzpiri sont conservées dans les meilleures collections publiques et privées de par le monde : notamment en France, dans toute l’Europe, ainsi qu’aux Etats-Unis (Heerlen Museum, Pays-Bas ; Musée de Verviers, Belgique ; Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, France ; Musée de Yamagata, Japon…). En 2014, une très prestigieuse collection a été créée en Azerbaïdjan. En Asie, c’est le Japon qui abrite les collections les plus importantes : fondé en 1996 à Onomichi, le Musée Aïzpiri est entièrement consacré à son œuvre. Jusqu’à ce jour, cet hommage n’a été rendu, de leur vivant, qu’à deux artistes français : Paul Aïzpiri et Bernard Buffet.