Bernard Buffet

10 juillet 1928 (Paris) – 4 octobre 1999 (Tourtour, Var)

Jeune prodige à l’esprit provocateur, Bernard Buffet est l’un des peintres les plus célèbres de l’après-guerre. Après des études à l’Ecole des Beaux-arts de Paris où il entre en 1944, le jeune peintre expose une première fois en 1947, au Salon des Indépendants. L’expression intense qui se dégage de la fermeté de son dessin, aux épais traits noirs semblant graver la toile, est remarquée par les critiques et collectionneurs. Remportant le premier prix de la critique, Buffet alors âgé de 19 ans apparaît aux yeux du public comme le digne successeur de Picasso.

Dès lors, il rejoint la scène artistique parisienne et entreprend une série d’expositions annuelles : d’aquarelles et dessins chez Maurice Garnier, de peintures à la galerie Drouant David. Rapidement, les galeries du monde entier lui ouvrent leurs portes : à Londres (Reid et Lefevre, Tooth), à New York (Kleeman), en Suisse (Beyeler), en Italie, etc. Rares sont les peintres aussi jeunes à connaître une notoriété aussi fulgurante. Lorsqu’en 1958 la galerie Charpentier organise une rétrospective sur son œuvre, 8 000 personnes se présentent au vernissage de cette exposition qui accueillera pour tout 100 000 visiteurs, un record. Ses expositions thématiques chez Drouant David connaissent également un immense succès et deviennent des rendez-vous incontournables de la vie mondaine de l’époque.

La peinture de Buffet n’a cependant pas pour volonté celle de séduire son public ; elle le provoque. En 1960, la série « Les Oiseaux » soulève la critique, scandalisée de voir ce corps féminin – celui d’Annabelle, épouse du peintre –, dans cette attitude lascive aux pieds d’oiseaux dominants. Mais au-delà du sarcasme, le « peintre de la misère » dénonce. Sa touche incisive s’avère très efficace lorsqu’il s’agit de peindre les déchirements, les visages accablés. A la fin des années 1950, la réception de son œuvre devient cependant plus contrastée auprès du public. En effet, il semble inconcevable que celui qui dénonce la pauvreté arbore un tel confort matériel. Les mêmes plumes qui avaient jadis célébré le peintre s’emploient désormais à le contester, le décrivant avec ironie comme « le peintre millionnaire de la misère ».

Dans les années 1960, Buffet rencontre le marchand d’art japonais Kiyoshi Tamenaga. De cette rencontre naît une grande amitié, ponctuée de fréquents voyages au Japon ; des expériences qui participent au renouvellement des sources d’inspiration du peintre. L’introduction de son œuvre sur le marché asiatique contribue à une nouvelle reconnaissance de son œuvre. D’ailleurs, le Japon lui décerne son musée, inauguré en 1973 à Higashino, le premier pour un artiste occidental au Japon. Dès lors la contribution de son œuvre à l’histoire de l’art est indéniable et fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde, et dans les plus grands musées : la Tate Modern à Londres, le Museum of Modern Art à New York, ou encore le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lors d’une grande rétrospective dédiée à l’artiste en 2016.

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