
INTO THE WOODS – DANS LES BOIS
PARIS
A propos
Vernissage le jeudi 3 avril 2025, à partir de 18 heures
« La forêt est un état d’âme, elle a ses pensées, ses songes, ses murmures. C’est un être mystérieux qui a une âme comme l’homme, et qui souffre comme lui. »Les Contemplations
de Victor Hugo, publié en 1856
Sous le titre Into the woods / Dans les bois, la Galerie Taménaga est heureuse de dévoiler une exposition collective réunissant 4 artistes contemporains aux racines et sensibilités diverses : le Japonais Yuichiro Sato, le Français Pierre Roy-Camille, l’Italien Enrico Tealdi et la Coréenne Youn Hye Sung. À travers leur peinture, chacun explore à sa manière, la thématique intemporelle de la forêt. Cet espace végétal, tantôt foisonnant et dense, tantôt dépouillé et minimal, demeure l’un des derniers refuges où l’empreinte humaine est encore limitée ; la nature y régnant en maîtresse incontestée.
La forêt incarne ainsi ce lieu privilégié où se nourrissent depuis toujours nos imaginaires collectifs, insaisissable et infini où le visible et l’invisible se côtoient. Là où l’homme s’aventure souvent, non pour dominer, mais pour se retrouver, se reconnecter avec une essence primitive, plus proche de son âme. En son cœur, elle se fait le décor d’un espace-temps suspendu, comme figé dans l’éternité. Loin d’être un simple lieu de contemplation ou de flânerie, elle se transforme en un terrain d’émotion intense, suscitant en nous des résonances profondes, parfois mystiques, parfois oniriques ; une forme de métaphore de l’âme intérieure humaine, de cet infini à la fois proche et lointain, de ce qui se cache et de ce qui se révèle dans nos recoins les plus secrets.
Plus que la forêt elle-même, les artistes peignent la lumière. Celle qui se faufile, qui éclaire et transforme ; de l’ombre profonde des sous-bois aux cimes baignées de lumière, du reflet d’une goutte d’eau longeant les sillons de l’écorce à la réverbération du soleil sur les nervures de feuilles. La forêt devient ce champ de forces invisibles où le jeu entre lumière et obscurité façonne notre perception.De sa forêt finlandaise, Yuichiro Sato en capte l’anatomie des bouleaux et autres sapins. Par son dessin à la mine de plomb, il offre des tableaux en en noir et blanc à la netteté implacable, une sorte de radiographie du vivant, où l’infime détail et l’immensité sylvestre s’unissent dans une vérité silencieuse.
Face à cette exactitude, Pierre Roy-Camille, lui, inscrit le paysage dans une mémoire stratifiée. La forêt y est jungle. L’empreinte constitue le fondement de son langage, des traces indélébiles qui imprègnent la toile comme pour mieux capturer l’évanescence même du vivant. Entre délicatesse et puissance, il façonne une iconographie onirique, où chaque trace, chaque superposition de pigments révèle des souvenirs anciens comme gravés dans l’épaisseur du temps.
Chez Enrico Tealdi, la forêt se dissout en une atmosphère brumeuse, tel un voile flottant où l’image semble se dérober sous le souffle du temps. À la lisière de la nostalgie et du rêve, les formes s’évaporent, comme extraites d’un passé lointain. La réalité vacille entre apparition et disparition. La végétation, dans ses contours flous, envahit l’espace, emplissant chaque recoin d’une présence humaine incertaine, presque irréelle.
Enfin, l’œuvre de Youn Hye Sung se veut une exploration picturale où seule la lumière subsiste comme principe fondateur. Ici, l’ombre n’est plus simple contraste : elle devient matière, génératrice de formes mouvantes. Arbres, feuilles et plantes se dissocient tel un prisme éclaté où la lumière, diffractée, se dissémine en une myriade de nuances et de vibrations.
L’exposition, bien au-delà d’une simple évocation sylvestre, trace les contours d’un dialogue délicat entre imprégnation et exactitude, mémoire persistante et oubli fugace, densité de l’ombre et lumière qui l’éclaire. La forêt, la nature — bien plus qu’un décor — est un espace où se révèle la beauté complexe de l’existence humaine, en perpétuelle métamorphose sous l’influence de forces invisibles et silencieuses. Cette nature, saisie entre ombre et lumière, nous invite à une réflexion sur la fragilité et la profondeur de notre relation à celle-ci, à la fois source d’émerveillement et miroir de notre condition humaine.
YUICHIRO SATO • PIERRE ROY-CAMILLE • ENRICO TEALDI • YOUN HY SUN