Wataru Ozu
Né en 1991 à Tokyo, Wataru Ozu est diplômé de l’Université des Beaux-Arts de cette même ville. Durant ses années d’études, il est sélectionné pour des programmes d’échanges à Londres et New-York où il se familiarise avec les grands maîtres de la peinture occidentale. De cette confrontation naît chez l’artiste une profonde curiosité pour ce rapport entre l’Orient et l’Occident.
Sa peinture nous interroge sur le thème fondamental du peintre, et plus précisément, sur ses obsessions pour le motif à travers l’histoire de l’art. Ses premières oeuvres ont pour sujet la convocation de références universelles de l’art telles Lucrèce de Lucas Cranach, La Grande Odalisque de Ingres, ou encore La Raie de Chardin : toiles emblématiques auxquelles il suggère une réinterprétation contemporaine afin de mieux cerner son propre apport à la peinture. Plus récemment, ses recherches le conduisent à traiter un objet simple, d’apparence anodine : la pomme. Ce motif, le plus naturellement associé dans l’inconscient collectif à l’exercice de la nature morte, interroge toute l’histoire de la peinture moderne de Cézanne à Magritte.
Ozu use de ce motif à l’infini et en observe les différents transferts qui résultent de l’acte de peindre : de la contemplation de l’objet à sa représentation mentale, du croquis à la toile, puis du procédé d’agrandissement à sa valeur chromatique. C’est l’ensemble des techniques de perspective qui est ainsi reconsidéré par l’artiste. Se rapportant aux prémices de l’art japonais et à son absence de traitement des profondeurs et volumes, il applique cette même conception à ses toiles dont la pâte nous assure pourtant de sa contemporanéité.
Travaillant l’huile, Ozu confie qu’il visionne sa toile de couleur blanche comme un support transparent. Il s’octroie ainsi son propre espace sur lequel il commence par dessiner ses motifs. Là où les maîtres occidentaux composaient un tableau selon un ou plusieurs points de fuite définis, l’artiste cherche à s’émanciper de toutes les contraintes liées à la représentation de la réalité. Dès lors, ses oeuvres n’imposent aucune convergence et incitent davantage à une diffusion du regard sur l’ensemble de la toile : le support assume pleinement son rôle de limite de l’image.