André Derain
10 juin 1880 (Chatou, Yvelines) – 8 septembre 1954 (Garches, Hauts-de-Seine)
André Derain s’impose comme une figure majeure de l’avant-garde à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Formé aux cours de l’Académie Julian, le peintre français s’intègre rapidement au vivier avant-gardiste parisien. En 1900, il rencontre l’autodidacte Vlaminck, avec qui il peint en plein air les environs de Paris. Un an après, alors qu’il effectuait des copies au Musée du Louvre, il rencontre Matisse. De ce trio naît un échange des plus féconds du début du XXe siècle. Influencés par les toiles de Cézanne et de Van Gogh, ils y perçoivent une nouvelle conception de l’espace, des formes et de la couleur qui devient ainsi le terreau de leurs réflexions.
En 1905, Derain rejoint Matisse à Collioure où les deux peintres créent une nouvelle peinture, qu’ils présentent la même année au Salon d’Automne. C’est dans la salle VII, renommée « la Cage aux Fauves » par le critique d’art Louis Vauxcelles, que le Fauvisme voit le jour. Plus qu’un mouvement, c’est un véritable réseau d’artistes s’appropriant chacun à leur manière ces larges aplats de couleurs pures et criardes. En 1907, Derain s’installe à Montmartre, où il côtoie les peintres du Bateau-Lavoir. Sa curiosité le conduit rapidement vers de nouvelles recherches esthétiques ; il se plonge plus profondément dans l’étude de Cézanne, de l’art africain, tout en assistant aux premières heures du Cubisme avec Picasso et Braque. Sa peinture se simplifie, les formes se géométrisent jusqu’à devenir presque sculpturales. Derain parvient à s’affranchir de toute contrainte, tant dans la forme que dans la couleur.
Après sa mobilisation pendant la Première Guerre mondiale, très marqué par cette épreuve, il revient progressivement à une facture plus traditionnelle réalisant de nombreuses natures mortes et nus, et anticipant de fait le retour au classicisme qui s’impose à la nouvelle génération de peintres. La critique célèbre Derain qui n’a de cesse de proposer de nouvelles visions de la peinture ; désigné comme « le plus grand peintre français vivant » par Elie Faure dans les années 1920. Sa réputation monte encore lorsqu’en 1928, sa toile « La Chasse » remporte le prix Carnegie et lui confère un prestige international. Au-delà de nombreuses expositions en Europe et en Amérique, le talent de Derain est sollicité pour de nombreux décors de théâtres et de ballets, dont celui de Serge de Diaghilev « La Boutique fantasque », en 1919. La Seconde Guerre mondiale marque cependant un ralentissement dans sa carrière ; il se retire à Chambourcy et n’accepte alors que de très rares commandes.
En 1954, année de sa disparition, Le Musée national d’art moderne lui décerne une grande rétrospective reconnaissant de fait son immense contribution à l’histoire de l‘art moderne. De nos jours, ses œuvres peuvent être admirées dans les collections permanentes de grands musées du monde entier, dont le Musée national d’art moderne – Cci Centre Pompidou, le Musée d’Orsay, le Musée Pouchkine ou encore la Tate Gallery.