Chen Jiang-Hong
Chen Jiang-Hong est né en 1963 à Tianjin, une grande ville située au nord de la Chine. Dans un premier temps, il étudie à l’Ecole des Beaux-Arts de Tianjin avant d’intégrer la très sélective Ecole des Beaux-Arts de Pékin. Au terme de ses années d’études, il décide de partir à la découverte du monde et des cultures étrangères. Il est admis à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris en 1987. Dès 1989, alors qu’il est toujours élève aux Beaux-Arts, le jeune artiste bénéficie d’une première exposition personnelle au sein d’une galerie parisienne lors de laquelle il est remarqué par la critique. La carrière de Chen Jiang-Hong est alors lancée.
L’œuvre de Chen reflète bientôt son parcours, à mi-chemin entre les deux univers qui l’ont vu grandir. S’éloignant des traditionnels supports asiatiques de soie ou de papier, influencé par l’héritage occidental, l’artiste choisit de peindre sur toile : soit à l’encre, quand il s’agit d’une toile brute, soit à l’huile, quand il s’agit d’une toile enduite. Délayée à l’essence de térébenthine, l’huile adopte la fluidité de l’encre et peut-être travaillée jusqu’à la transparence. Pourtant, l’utilisation de longs pinceaux à poils de loup ramène irrémédiablement l’art de Chen Jiang-Hong dans le sillon de la tradition calligraphique chinoise. Présentant la particularité de servir de réservoir à médium, ils permettent à l’artiste de couvrir une vaste surface en un seul geste, ce geste si primordial dans l’œuvre du peintre.
Appartenant à la peinture Xieyi, signifiant littéralement « écrire l’idée », l’art de Chen entretient d’étroits liens avec la respiration, le souffle et la méditation. L’artiste étend la toile à plat sur le sol de son atelier, applique ensuite sur la surface vierge le pinceau imbibé, puis, tout le corps entraîné par son élan, il exécute une chorégraphie exaltée ; le motif apparaît alors sur la toile.
Bien qu’il se soit tout d’abord illustré dans un style figuratif auquel il a su insuffler une dynamique hors-norme, le peintre s’est tourné, depuis quelques années, vers une abstraction vibrante au lyrisme détonnant.
« Même si le geste a toujours été important pour Chen, il est ici exacerbé, au point que le sujet même du tableau […] s’efface pour laisser place à ce qui est véritablement l’objet de ses préoccupations : la peinture. Là où les fleurs de lotus étaient immédiatement lisibles, un motif se laisse deviner seulement dans un second temps, comme s’il émergeait de notre mémoire. Lumière, couleur et mouvement sont les piliers de cette peinture fougueuse attachée au jeu sur la transparence de la matière. Chen ne renie pas ce qui l’a construit : la peinture de paysage qui reste son alpha et son oméga, son ADN, mais il a dépassé le cadre traditionnel depuis longtemps pour la plonger dans la contemporanéité. […] Lorsque Chen peint aujourd’hui, il est l’énergie pure, il est la peinture. »
(A. Palermo, « Chen Jiang-Hong, au plus près de la peinture », 2015).